Tous ensemble vers une Eglise plus proche et plus diversifiée

Durant toute l’année 2013 l’EREN a donné une image très diversifiée de ses paroisses et de ses ministres dans le cadre de la diffusion de ses cultes télévisés. A l’heure où notre Eglise s’apprête à plancher sur ce que devrait être son nouveau modèle réformé contemporain d’évangélisation, il nous paraît utile d’alimenter cette réflexion et de proposer quelques pistes de réflexion en relation avec l’étude des milieux de vie de la société dans laquelle nous vivons.

La sociologie anime celui qui désire comprendre l’être humain dans ses relations et interactions avec ses semblables. Elle aide l’Eglise à prendre conscience des enjeux de la société dans laquelle nous vivons. L’analyse des Sinus Milieus® nous fournit de précieux renseignements sur la perception de l’Eglise réformée par les différents milieux de vie de la société actuelle. Le tableau ci-dessous résume ces différentes perceptions.

La lecture de ce tableau illustre la complexité actuelle de l’approche d’Eglise. Il illustre également la richesse des possibilités qui s’ouvrent à nous pour repenser, redéfinir et décliner plus efficacement notre offre de services, auprès des différents milieux de vie concernés, à travers une communication repensée qui prend en compte leurs attentes et besoins religieux, sociaux et/ou spirituels.

Nous devons également réinventer nos relations de proximité à travers nos paroisses pour nous rapprocher des paroissiens qui ont pris leurs distances avec l’Eglise au fil du temps. Investissons d’avantage de ressources pour nous rapprocher des milieux distancés de l’Eglise. Faut-il créer des paroisses polymorphes ou hyperspécialisées qui conviendront à chaque milieu ou plutôt collaborer entre paroisses et se spécialiser dans un secteur d’activité ou un milieu de vie précis ? Nous n’avons pas encore trouvé la réponse à cette question, pour autant que cette dernière existe. L’essentiel étant actuellement pour nous de mettre notre Eglise en réflexion et en mouvement sur ce sujet.

Cette évolution nécessitera inévitablement un soutien à la formation des permanents de notre Eglise. Ses différentes professions doivent s’adapter rapidement aux changements de la société. L’étude Sinus Milieus® conduite l’an dernier à Neuchâtel nous propose des pistes et des directions d’évolution ou de création de nouvelles compétences professionnelles.

Pour penser à l’avenir de l’Eglise, il nous faut une vision. La vision réformée prend sa source dans l’Evangile. Au delà de la barrière de Rösti, à l’autre bout de notre pays, l’Eglise réformée St. Galloise a résumé sa vision dans la phrase suivante : « proche de Dieu et proche des hommes », exprimant ainsi sa vocation communautaire et bilatérale de la relation à Dieu qui pourrait bien convenir à cette phase de transformation que nous allons vivre ces prochaines années. Une Eglise à la fois plus proche de Dieu et plus proche des hommes – tous milieux confondus.

L’étude représente un outil d’aide pour rapprocher les paroisses de cette vision. Elle nous épaule pour mieux percevoir les contours dans les secteurs les moins éclairés. Elle nous permet de réduire la complexité du monde dans lequel nous vivons, de déterminer nos priorités et facilite nos prises de décision en meilleure connaissance de cause. L’étude devrait nous aider à considérer de façon critique nos propres contenus. Ma langue qui transporte un message intemporel de la libéralisation de l’être humain de la société de la performance est-elle compréhensible ? Nous devons développer notre sensibilité contextuelle et acquérir une meilleure connaissances des autres milieux de vie afin de pouvoir échapper à la problématique de la congruence des milieux, exprimée il y a quelques années par les auteurs Jörg Stolz et Edmée Ballif dans leur ouvrage « L’avenir des réformés – Les Eglises face aux changements sociaux » paru en 2011 aux éditions Labor et Fides. Ce phénomène, décrit dans ce livre, montre comment nous tendons à privilégier notre entourage et les relations à l’intérieur de notre propre milieu de vie, alors que les paroissiens appartiennent généralement également aux autres milieux. Une meilleure prise de conscience de ce phénomène et une meilleure compréhension des différents milieux de vie paroissiaux pourraient contribuer à développer plus de proximité avec ces distancés.

L’évolution des professions ministérielles n’est pas une exception. L’évolution sociétale pousse ou oblige une grande majorité de professions à se remettre en question et à se redéfinir. L’Eglise n’échappe pas à cette règle qui prône le développement de compétences méta-professionnelles, telles que le développement des compétences personnelles, méthodologiques et sociales. L’objectif étant de préparer l’Eglise de demain à évoluer au sein d’une société hyperconnectée et plus complexe qu’aujourd’hui. L’Eglise devra poursuivre sa mue en véritable facilitateur social et spirituel au sein de la société. Cette compétence lui sera particulièrement indispensable dans le cadre de son travail auprès des bénévoles les plus jeunes, provenant des nouvelles générations à la recherche de respectabilité. Pour tirer son épingle du jeu, L’Eglise devra également se muer en entrepreneur et se comprendre en tant qu’ambassadeur de l’Evangile qui osera s’extraire de sa zone de confort pour s’aventurer sur place dans la réalité du genre humain. De plus en plus, elle jouera un rôle de guide spirituel pour répondre à une demande croissante de la population. Il lui faudra pour cela développer ses compétences en gestion du changement et développer ses facultés de présentation, d’endurance et apprendre à mieux gérer ses réserves de motivation.
Aujourd’hui déjà, mais demain plus encore, nos ministres possèdent une vue d’ensemble. Ils acceptent de diriger en œuvrant en tant que facilitateur au sein d’un groupe et font preuve d’esprit d’équipe grâce à leurs compétences relationnelles et communicatives. Ils sont sensibles à la qualité et savent traiter les conflits. Ils sont capables de comprendre et d’apprendre des autres. Cerise sur le gâteau : ils possèdent l’amour de l’humanité et la passion des questions existentielles.
L’étude Sinus Milieus® en nos mains nous fournit des suggestions concernant l’évolution de nos différents métiers. Ces suggestions devront s’adapter à chaque ministère. A chacun de nous de sonder son avenir et de s’équiper avec les outils les plus adaptés afin de mener à bien notre mission d’Eglise.

J'ai co-écrit ce texte avec Christian Miaz dans le cadre du rapport d'activités 2013 de l'EREN.