La Suisse n’est pas étrangère à son développement. Pour pouvoir traiter les 15 pectaoctets (millions de milliards d’octets) annuels de données générés dès 2007 par le LHC, son grand collisionneur de hardon, les chercheurs du CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire) ont conclu un partenariat avec cinq grands noms de la technologie de l’information, Enterasys Networks, HP, IBM, Intel et Oracle dans le but de créer la première grille de calcul véritablement planétaire. Baptisé CERN Openlab, ce projet a déjà permis l’intégration d’une grappe de 40 serveurs HP dans sa grille de calcul qui regroupe plus de soixante grands centres de calcul scientifiques en Europe, Amérique du Nord et Asie. Ce faisant , les chercheurs du CERN ont démontré l’élargissement du projet LCG vers un environnement informatique hétérogène. Cette annonce est de bonne augure pour pouvoir bientôt traiter efficacement cette énorme masse d’informations qui nécessitera une puissance totale de calcul estimée à 20 teraflops et rentabiliser à terme les investissements accordés par les bailleurs de fonds de cette organisation helvétique. Lorsqu’on sait que le supercalculateur le plus véloce du moment tourne à quelques teraflops seulement, le GRID représente véritablement aujourd’hui la seule alternative à ce défi de calculation.
Cette nouvelle technologie devrait permettre à terme de développer l’Internet du futur. Si aujourd’hui le réseau des réseaux représente un environnement principalement focalisé sur le contenu, l’internet consomme l’essentiel de son temps à rechercher des informations. L’avénement de la grille de calcul devrait lui permettre d’aborder un nouvel Internet à très forte valeur ajoutée. Lorsqu’il sera d’actualité, plus besoin en effet de posséder une énorme puissance de calcul à domicile.
Les principaux obstacles au GRID sont humains
Si le concept du GRID fait rêver n’importe quel informaticien, sa route est encore couverte d’embûches. Les principaux freins actuels à son développement ne sont pas de nature technique ou matérielle – résoluble à terme - mais d’origine principalement sociologique. Comment en effet parvenir à convaincre ses collègues de laisser tourner leur machine en mode « libre-service » alors qu’ils ont déjà quitté le bureau ? Le deuxième frein est de nature économique. Quelle sera le business-modèle qui assurera le succès commercial de la grille ? Faudra-t-il financer ses services par abonnement, forfait, selon le débit ou la durée d’utilisation ? A moins que l’on nous facture la puissance consommée et que l’on nous rétrocède la puissance accordée…Nul doute que pour que la mayonnaise prenne , il faudra trouver le bon modèle économique.
Une fois ces problèmes sociologiques résolus, il faudra également s’accorder sur les problèmes liés à la confidentialité des données et à la propriété industrielle ainsi que sur la politique des 3 A (Accès, Authentification, Autorisation) et faire en sorte que les différents acteurs de la grille définissent la nature et le profil de destination des ressources partageables et se mettre d’accord sur la standardisation planétaire qui devrait autoriser les différents systèmes à communiquer et à collaborer. Cela devrait être chose faite d’ici à un ou deux ans dans le cadre du Global Grid Forum (GGF) réunissant les principaux acteurs de la grille depuis l’an 2000.
La Great Global Grid, dans son concept le plus abouti, ne verra vraisemblablement le jour que dans cinq à dix ans. D’ici-là, apparaîtront d’abord des intergrids – équivalent des intranets. Cantonnés à l’intérieur des entreprises, ils seront plus facilement sécurisables et rentables que la grille ouverte à tous. Utopie ou réalité ? Rendez-vous dans dix ans.
Investissements européens dans la grille
La Commission Européenne a décidé d’investir 53 millions d’euros dans le soutien de 12 projets de recherche de GRID. Montant auquel s’ajoute 32 millions d’euros déjà alloués au projet EGEE (Enebling Grids for E-Science in Europe). Cette somme représente un dédoublement des investissements de l’Union dans ce domaine par rapport au précédent programme-cadre de recherche. L’objectif de cette injection est d’intéresser les industriels à la grille afin d’assurer son avenir. Quatre nouveaux projets se partagent la presque totalité des 53 millions :
- Simdat est une grille de design destinée à l’industrie automobile et aérospatiale,
- NextGRID visant le développement des grilles de prochaine génération qui verront le jour dans une dizaine d’années, et
- CoreGRID dont l’objectif est la coordination des travaux des différents centres européens impliqués dans cette recherche
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Quid des projets de swiss Grid ?
La Suisse a jusqu'à présent hésité à se lancer résolument dans le développement d'un "GRID suisse", elle est rattrapée par les évènements. En effet, la Suisse a la chance d'héberger sur son territoire un des plus grand centre de recherche du monde, le centre de recherche ou le WEB est né, à savoir le CERN. Démarré au CERN en 2001 déjà, le projet DataGrid, soutenu par la commission européenne, vient en effet de se terminer au printemps 2004. Il est suivi du projet EGEE (Enabling Grids for E-science in Europe), mentionné ci-dessus et également soutenu par la communauté européenne. Ce projet réuni des experts provenant 27 pays du monde entier et en particulier de la Suisse. Grâce, entre autre, à ces projets, la Suisse n'est pas complètement absente du monde du GRID. Outre ces grands projets, d'autres initiatives, d'ampleur plus modeste, ont pris, ou sont en train de prendre naissance dans notre confédération.
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Je crée mon grid demain…avec quels outils ?
DCGrid Platorm d'Entropia est réservé aux environnements Windows tant du côté du serveur que des clients. Commercialisé à partir de 50 000 dollars, cette plate-forme est pilotée par deux composants dont les données sont stockées dans une base SQL Serveur de Microsoft. "DCGrid Scheduler" planifie, déploie et déclenche l'exécution des calculs sur les postes clients en fonction de leurs ressources disponibles (mémoire, cpu, etc.). DCGrid Manager centralise l'administration de la grille au travers d'une interface web. Cette console permet de gérer les priorités d'exécution en fonction de chaque ordinateur et groupe d'ordinateurs. "DCGrid Manager" propose également une vision en temps réel de l'état d'exécution de chaque programme. Très proche de la solution d'Entropia, MetaProcessor Platform de United Devices s'installe côté serveur sur une Red Hat 7.2 (Linux) et s'appuie sur une base DB2 d'IBM. Le support d'Oracle est prévu pour la fin du trimestre. Les clients peuvent en revanche être déployés sur toutes des versions de Windows de 98 à XP. "MetaProcessor Platform 3.0" se distingue des outils concurrents par un excellent support des services web (SOAP et XML-RPC) et sera compatible avec la norme OGSA dès qu'elle sera stabilisée. United Devices fournit également un kit de développement pour faciliter l'adaptation d'applications existantes. L'outil est commercialisé à partir de 250 dollars par noeud. InnerGrid de l'éditeur espagnol GridSystems fonctionne sur les plates-formes Unix, Windows et Macintosh. Cette plate-forme est composée de 3 modules principaux. "InnerGrid Core" gère la distribution des programmes à exécuter. L'administration s'effectue au travers de la console web GridDesktopPortal. GridMonitor permet de paramétrer l'ensemble de la grille. Un kit de développement -- GridStudio -- est également disponible ainsi qu'un connecteur Excel qui permet d'exécuter des traitements Excel sur la grille sans nécessiter de compétence particulière de la part de l'utilisateur final. "InnerGrid 2.0" est commercialisé à partir de 20 000 dollars. ActiveCluster de Platform -- un des pionniers du Grid - propose globalement les mêmes fonctionnalités que ces concurrents. Cet outil est cependant réputé pour sa maturité et son efficacité dans la répartition des tâches sur les postes clients. "ActiveCluster" nécessite Solaris ou Linux côté serveur et Windows NT 4 ou 2000 Professionnel du côté du client. Sun ONE Grid Engine, Enterprise Edition est basé sur la technologie de l'éditeur Gridware racheté par Sun il y a quatre ans. Cet outil fonctionne sous Unix -- tous noyaux linux 2.4.X et Solaris -- et possède une interface d'administration en ligne de commande. Le moteur de règles de son scheduler est particulièrement flexible et permet de planifier l'exécution des programmes distants selon de multiples paramètres. "Sun ONE Grid Engine, Enterprise Edition 5.3" est commercialisé 20 000 dollars jusqu'à 50 noeuds. Une version gratuite -- Sun Grid Engine - est également disponible sur le site de l'éditeur.
Source : zdnet.fr
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